Apprentissage : les freins ne sont pas seulement financiers

L’aide « TPE jeunes apprentis » est entrée en vigueur le 1 er juillet.

Longtemps, les très petites entreprises ont apprécié les apprentis. En 2002, 72 % des jeunes en alternance se plaçaient dans les TPE, ils ne sont plus que 56 % aujourd’hui pointe Alexia Alart Mantione, juriste en droit social chez Exco Loire. Facteur aggravant, le taux de rupture de contrats est estimé à 21 %, ce qui dissuade les chefs d’entreprise d’accueillir de jeunes recrues.

La mesure « TPE jeunes apprentis », entrée en vigueur le 1er juillet, qui promet une exonération de charges et de salaires pendant un an pour l’embauche d’un apprenti mineur – sous la forme d’une aide trimestrielle de 1.100 euros – constitue certes une belle incitation mais ne lèvera pas tous les freins.

Manque de lisibilité et d'adaptation

Certains dirigeants mettent en avant l’accélération du rythme de travail : « Devant l’exigence accrue des clients, le manque de temps disponible pour former les alternants freine les meilleures volontés », reconnaît Olivier Mothes, cofondateur de Manifestory. D’autres soulignent le manque de lisibilité des filières et le risque d’erreur : « La cartographie des formations éligibles à l’apprentissage dans le supérieur s’est considérablement densifiée. Les diplômes se ressemblent à s’y méprendre, ce qui ne facilite pas la tâche des dirigeants qui ne sont pas des experts », soulignent Thomas Vilcot, DRH de Casino Proximité, et Yves Cimbaro, président de l’Anasup (*) dans « L’apprentissage responsable » (Afnor Editions). « L’inadaptation de l’apprenti constitue un facteur prépondérant de résiliation », approuve Alexia Alart Mantione.

 

Défiance réciproque

Leur méthode dite pédagogie de l’alternance « par anticipation » ou « proactive », plaide auprès des Centres de formation des apprentis (CFA) pour leur accompagnement jusque dans les murs de l’entreprise. Objectif : veiller à leur bonne intégration, à leur suivi effectif par un tuteur, et à la mise à disposition des outils indispensables à l’accomplissement de leur mission. « La rupture de lien entre le CFA et l’entreprise explique la défiance réciproque entre l’apprenti et son référent », reconnaît Olivier Mothes.

Un "pack qualité apprentissage"

Pour permettre aux apprentis de gagner en confiance, la Région les aiguille notamment vers des formations comportementales. Co-conçu par Olivier Mothes, Apprenti scènes utilise le théâtre pour travailler la communication et le savoir-être en entreprise. Autre opération, « Filme ton job » est une plate-forme de vidéos sur laquelle les apprentis partagent les « erreurs » à ne pas reproduire... A priori anecdotiques, ces mesures, qui font partie du « pack qualité apprentissage » de la région, ont dénoué bon nombre de situations : depuis 2009, le taux de ruptures de contrat a chuté à 4,8 % en Ile-de-France
A la rentrée, cet accompagnement va monter d’un cran grâce au déploiement dans les CFA franciliens de seize jeunes en service civique, formés par l’Anaf. Objectif : épauler les apprentis dans leur orientation pour éviter les erreurs d’aiguillage, mais aussi dans l’anticipation des besoins de l’entreprise. « La proactivité s’apprend », 

Rédigé par multiproservices formation

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